Justice
Drame de Sainte-Pexine : la conductrice jugée pour homicide involontaire après la mort de deux jeunes
En septembre 2022, un accident de la route à Sainte-Pexine (Vendée) a bouleversé toute une région. Deux jeunes revenant de discothèque ont perdu la vie dans une voiture conduite par une jeune femme de 23 ans, alors alcoolisée. Ce lundi, la conductrice a comparu devant le tribunal pour homicide involontaire.
Des familles en quête de justice
« Je n’ai pas honte de le dire, je la hais, cette fille est un danger pour la société », lance Isabelle, la mère d’un des deux jeunes victimes, lors de l’audience. La douleur et la colère des proches se font sentir. Les familles des défunts assistent à un procès difficile, marqué par des témoignages poignants et un profond sentiment d’injustice.
Selon France Bleu, le drame s’est produit aux premières heures d’une matinée de septembre 2022, alors que Camille, la conductrice, quittait une discothèque située à 500 mètres du lieu de l’accident. Six personnes étaient à bord du véhicule, conçu pour cinq, l’un des passagers étant assis sur les genoux d’un autre à l’arrière. À pleine vitesse – entre 114 et 124 km/h dans une zone limitée à 70 – la voiture a fait une sortie de route, finissant sur le toit dans un champ. Camille avait 1,31 g d’alcool par litre de sang au moment de l’accident.
Une récidive troublante
À la barre, la jeune conductrice reconnaît avoir bu plusieurs verres de vodka, consommé du cannabis et pris de la cocaïne avant de prendre le volant ce soir-là. Malgré la gravité des faits, Camille est ressortie libre sous contrôle judiciaire après l’accident, avec interdiction de conduire. Cependant, quelques mois plus tard, en 2023, elle est impliquée dans un nouvel accident, en état d’ébriété, à la sortie d’une autre boîte de nuit.
« On cherche le traumatisme, la prise de conscience… mais il n’y en a pas », déplore la procureure de la République lors de son réquisitoire. L’accusée continue de boire, de fumer, et de conduire malgré les interdictions, suscitant l’incompréhension et la frustration des familles des victimes.
Des familles brisées
Les proches des victimes témoignent de leur douleur insoutenable. Marie-Dominique, mère du second jeune homme décédé, raconte avec émotion : « Je n’ai pas pu voir mon fils pendant des semaines. J’ai dû choisir ses derniers vêtements et sa place au cimetière. Il avait 19 ans. » L’audience est chargée d’émotions, Camille s’effondrant en larmes à plusieurs reprises.
La présidente du tribunal a tenu à s’excuser auprès des familles pour les failles du système judiciaire, notamment le manque d’accompagnement psychologique durant ces moments éprouvants.
Un verdict attendu
L’avocate de la défense, Corinne Girard, insiste sur la culpabilité ressentie par Camille : « Elle n’a jamais contesté sa responsabilité. Elle porte un sentiment de culpabilité énorme. » Toutefois, la gravité des faits ne laisse guère de place à la clémence.
Le tribunal a suivi presque entièrement les réquisitions du parquet. Camille a été condamnée à cinq ans de prison, dont quatre ans fermes et un an avec sursis probatoire. Son permis de conduire est retiré pour une durée de sept ans et elle devra suivre des soins et indemniser les familles des victimes.
Pour Marie-Dominique, ce verdict apporte une forme de soulagement, bien qu’elle garde des réserves : « Tôt ou tard, elle sera rattrapée par ses démons. »