Justice
Jugé à La Roche-sur-Yon : un ex-aide-soignant vendait des pilules et empruntait de l’argent à des malades

Le tribunal correctionnel de La Roche-sur-Yon a examiné lundi 12 mai 2025 le parcours d’un ancien aide-soignant de 75 ans, installé à Olonne-sur-Mer, accusé d’avoir profité de personnes vulnérables en leur vendant des compléments alimentaires et en leur empruntant d’importantes sommes d’argent.
Selon Actu.fr, entre 2013 et 2019, cet homme au profil bien rodé – cheveux gris, lunettes et polaire bleu marine – aurait usé de son influence pour convaincre des patients qu’il pouvait soulager leurs maux à l’aide de gélules, de médaillons ou encore d’un pendule.
Une première plainte déclenche l’enquête
L’affaire débute en mars 2019, lorsqu’un homme gravement malade envoie une lettre au procureur de la République. Il y dénonce l’attitude de celui qu’il a rencontré au sein de l’Hospitalité vendéenne, une association catholique.
La victime affirme lui avoir prêté 11 300 euros. Elle raconte également avoir acheté, entre 2016 et 2019, des boîtes de compléments alimentaires à raison de trois par mois, pour 50 euros l’unité. L’ensemble représente plusieurs milliers d’euros déboursés.
Des patients influencés et financièrement sollicités
D’autres témoignages ont ensuite été recueillis. Une femme souffrant de dépression déclare avoir dépensé 1 600 euros en gélules sur un an, soit 100 euros par mois, malgré un revenu mensuel de 1 000 euros.
Une autre patiente, rencontrée dans le cadre de la même association, affirme s’être vu promettre la disparition de ses varices. Elle repousse une opération chirurgicale, avant d’y avoir recours quatre ans plus tard :
« Je risquais une phlébite », a-t-elle témoigné à l’audience.
Cette même femme indique qu’il a utilisé un pendule pour lui prédire qu’elle n’avait pas de cancer du sein. Il lui a également vendu un médaillon pour soulager ses douleurs dorsales :
« Quand j’ai vu que ça ne marchait pas, j’ai renvoyé le médaillon et je me suis fait rembourser », s’est-il défendu.
Elle lui aurait aussi prêté plus de 11 000 euros. Constituée partie civile, elle réclame 2 500 euros au titre du préjudice moral.
Des pratiques anciennes, selon le ministère public
À la barre, le retraité justifie ses agissements par ses difficultés financières.
« J’avais des dettes à rembourser de mes condamnations passées », explique-t-il.
Il s’était enregistré comme revendeur de compléments alimentaires qu’il commandait en ligne, bénéficiant d’un avantage de 25 % en nature.
La procureure de la République, Fiammetta Esposito, dénonce une méthode bien rodée :
« Un mode opératoire bien rodé pour mettre les gens sous sa coupe. »
Un témoin, cité dans le dossier, confirme :
« Il embobinait les gens avec ses belles paroles. »
La défense plaide la relaxe
L’avocat du prévenu insiste sur la faiblesse du dossier.
« Sur six ans de prévention, vous n’avez que trois victimes potentielles et cinq ou six témoignages. »
Selon lui, son client n’aurait jamais interdit à ses interlocuteurs de consulter un médecin et ne se serait pas enrichi personnellement :
« Il n’a jamais empêché personne de consulter son médecin. »
Il estime que les accusations de médecine illégale ne sont pas fondées et évoque la volonté de certains plaignants de récupérer plus rapidement les sommes prêtées.
Des réquisitions suivies en partie par le tribunal
La procureure s’interroge sur la sincérité du prévenu :
« Vos histoires de pendules, vous y croyez vraiment ? »
L’homme nie catégoriquement avoir utilisé un tel objet, ce à quoi Fiammetta Esposito rétorque :
« Cela fait trois personnes qui parlent de pendules ; et vous, vous dites que vous n’avez jamais eu un pendule entre les mains. C’est une cabale contre vous, alors ! Tout le monde ment, sauf vous. »
Elle conclut :
« Demander 7 000 € à une victime pour soigner sa sclérose en plaques, c’est prendre la place du médecin. Dire à une femme qu’elle n’a pas un cancer du sein, c’est prendre la place du radiologue et du cancérologue. C’est catastrophique. »
Le ministère public requiert deux ans de prison, dont un avec sursis probatoire pendant deux ans.
Jugement et sanctions
Le tribunal a prononcé une peine de douze mois d’emprisonnement, dont six mois avec sursis probatoire pendant deux ans. Le prévenu devra indemniser les victimes.
Une somme de 1 000 euros est accordée à la partie civile pour le préjudice moral. Le retraité exécutera la peine de prison à domicile sous bracelet électronique.