Société
Vendeurs ambulants sur les plages de Vendée : bras de fer entre un entrepreneur et plusieurs mairies
Depuis plusieurs jours, des marchands ambulants tentent de s’installer sur les plages vendéennes. Mais de Saint-Jean-de-Monts à La Tranche-sur-Mer, leur présence est rejetée par les autorités locales, au nom de la concurrence envers les établissements de plage. Leur employeur, Jefferson Fertel, envisage une action en justice.
Une activité stoppée dès le lancement
Dans un entrepôt de 800 m² en périphérie des Sables-d’Olonne, les chariots de beignets, palettes de boissons et congélateurs remplis attendent. Jefferson Fertel, ancien vendeur sur les plages d’Occitanie, a embauché une trentaine de saisonniers pour cet été. Mais l’installation a été stoppée dès la première semaine.
« Les règles sont les mêmes pour tout le monde, que ce soit pour la Vendée ou d’autres territoires. La vente ambulante est autorisée en France et il faudrait que les mairies respectent le cadre du droit et publient un arrêté municipal, qui en tout cas ne le restreint pas de manière totale et absolue », affirme-t-il.
Des arrêtés municipaux déjà en place
Du côté des mairies du littoral, la position reste ferme. Depuis plusieurs années, des arrêtés municipaux interdisent la vente ambulante sur les plages. Le maire de La Tranche-sur-Mer, Serge Kubrik, justifie cette réglementation : « L’État nous a concédé les plages, via une convention signée pour 12 ans, et, derrière ça, il y a un arrêté dans lequel il est interdit de faire de la vente ambulante sur les plages alors que nous avons des sous-concessionnaires qui eux-mêmes paient des redevances et des taxes dans la commune alors qu’eux ne paieraient rien du tout et passeraient comme ça à faire leur chiffre d’affaires. »
Des saisonniers malgré tout sur les plages
Dylan, saisonnier dans l’équipe de Jefferson Fertel, estime que l’interdiction n’est pas justifiée. « Les autres commerçants paient une redevance à la mairie mais nous, on paie un grand local ici, donc je pense qu’on est à peu près sur les mêmes charges qu’eux », dit-il, tout en poursuivant son activité sur la plage de Saint-Hilaire-de-Riez.
Pierre et Astrid, également vendeurs, se sont installés sur la plage de Tanchet, aux Sables-d’Olonne. « C’est normal », commente Pierre, « c’est encore le début de saison, c’est encore tôt et il fait froid avec le vent. » Selon lui, la police municipale est intervenue : « La police est venue nous forcer à sortir de la plage, mais sans autorisation. Donc forcément, on est resté parce qu’ils n’ont pas le droit. Et ils ne sont jamais revenus après. »
Des restaurateurs peu inquiets
Laure, restauratrice en bord de plage, propose les mêmes produits que les marchands ambulants. Elle note une différence de qualité : « Les gens regardent leur porte-monnaie. Et puis, honnêtement, les glaces sont toute la journée dans un bac non réfrigéré, elles ne seront pas dans un bon état. » [NDLR : Jefferson Fertel affirme que ses glaces sont stockées dans des bacs à -30 °C.]
Kelly, responsable d’une cabane de plage depuis huit ans, partage ce point de vue : « Moi, j’ai ma clientèle. Ça fait huit ans qu’on est là donc ça ne me fait pas plus peur que ça. Ça va impacter un peu les boissons, les beignets mais il faut faire avec, c’est comme ça de toute façon ! »
Une procédure judiciaire enclenchée
Jefferson Fertel annonce avoir engagé une procédure devant le tribunal administratif contre cinq communes du littoral. « J’ai 30 employés qui sont au chômage technique et un entrepôt de 800m², ça a un coût. Ce sont des loyers importants, ce sont des camions de transport qui coûtent également de l’argent, c’est aussi de la marchandise alimentaire qui n’est pas en capacité d’être distribuée. Donc, il y a des intérêts économiques à défendre et ce sera le rôle du juge de statuer. »
Serge Kubrik se dit prêt à défendre la position de sa commune : « Allons au tribunal, ça ne me pose aucun problème. Il verra qu’on est concessionnaire et que l’arrêté du maire s’applique. S’il avait été hors la loi, l’État nous l’aurait contesté. Donc qu’il aille au tribunal administratif et on verra qui a raison. »
Les communes visées sont Les Sables-d’Olonne, La Tranche-sur-Mer, Saint-Jean-de-Monts, Saint-Gilles-Croix-de-Vie et Saint-Hilaire-de-Riez.