Santé
«Pour nos Urgences, il y a urgence !» – Lettre ouverte de Yannick Moreau à Aurélien Rousseau, ministre de la Santé
Lettre ouverte de Yannick Moreau, maire des Sables d’Olonne, à Aurélien Rousseau, ministre de la Santé
Monsieur le Ministre,
Alors que nous apprenions votre nomination le 20 juillet dernier, au cœur de l’été, le service des Urgences de l’hôpital public des Sables d’Olonne, comme de nombreux autres partout en France, ainsi que l’ensemble de ses soignants et de ses patients, vivaient dans l’incertitude totale du lendemain, la boule au ventre dans la crainte de trouver portes closes.
Car il faut bien se rendre à l’évidence : aux Sables d’Olonne, agglomération vendéenne de 55 000 habitants portée à plus de 200 000 l’été, l’accueil aux Urgences se joue à pile ou face. Ici, plus encore qu’au Festival d’Avignon, les hospitaliers dévoués et les urgentistes admirables sont contraints de travailler sous le régime de l’intermittence. Les Urgences n’habitent plus à l’adresse indiquée ni aux horaires affichés ! Les voyants sont rarement au vert, souvent au rouge, mais le plus régulièrement, ils clignotent ! Comme les lumières que l’on y allume et éteint ou les portes que l’on y ouvre et ferme au petit malheur la chance…
Parcourons la presse locale de ces dernières semaines estivales : « Aux Sables-d’Olonne, inquiétude aux urgences avant la saison estivale » ; « Les Sables-d’Olonne : les urgences fermeront temporairement cette nuit et samedi soir » ; « Les Sables-d’Olonne : fermeture temporaire des urgences cette nuit » ; « Les Sables-d’Olonne : une réouverture de la maternité et une nouvelle fermeture des urgences » ; « Aux Sables-d’Olonne, les urgences ferment deux nuits ce week-end » ; « Les Sables-d’Olonne : de nouvelles fermetures des urgences annoncées » ; « En Vendée, les Urgences des Sables-d’Olonne ferment dès ce lundi à 18h30 » ; « Les urgences des Sables-d’Olonne seront de nouveau fermées temporairement » ; « Aux urgences, il manque 1/3 des effectifs » … Pour la lisibilité des horaires, on repassera, … ou plutôt, on ne repassera plus.
Alors M. le Ministre, si vous êtes nouveau, le constat, lui, ne l’est pas. Il s’empire même et le centre hospitalier se trouve aujourd’hui dans une situation dramatique inédite aux Sables d’Olonne.
Il n’est pas question de vous blâmer d’une situation dont vous héritez, mais de vous alerter avec force pour qu’enfin des responsabilités soient prises, des actes posés et que nous ayons – élus, habitants, soignants, patients – le sentiment d’être entendus.
Cet été aux Sables d’Olonne, l’Hôpital était en permanence sur la corde raide. L’Etat a joué avec le feu, avec la vie des habitants des Sables d’Olonne et des milliers de visiteurs qui comme chaque année, ont rejoint la destination. Il a joué avec les soignants épuisés, méprisés, et cependant admirables de bienveillance et de qualités humaines dans l’accueil et dans le soin. Mais jusqu’à quand pourront-ils tenir seuls, sans soutien, sans renfort, sans moyen, sans grand dessein ?
Plus que jamais, il y a urgence aux urgences. Faut-il attendre l’extrémité de drames à répétition et les morts actives ou passives causés par un Etat impuissant ?
Aux Sables et partout ailleurs, l’hôpital public, gravement malade, réclame enfin la reconstruction d’un système de santé digne de ce nom. C’est en premier chef la haute responsabilité qui vous incombe aujourd’hui. Comme maire des Sables d’Olonne, et au nom de tous les Sablais, ce ne sont pas des visites, des mots ou des promesses que nous espérons. Mais des actes. Comme celui d’horaires enfin larges et fiables d’un service des Urgences à la fois doté, accueillant et performant, pour le bien de tous ceux qui y viennent et qui y travaillent avec professionnalisme et dévouement.
Pour notre santé publique et notre système de soins, il n’existe pas de plus grande… urgence.
Yannick Moreau,
Maire des Sables d’Olonne
Président de l’Agglomération